Gérer son patrimoine
       


Les idées reçues sur la gestion de patrimoine : méfiez-vous des croyances populaires !


1- "Les valeurs refuges" : FAUX, elles n'existent pas !

Il n'existe pas de valeur "refuge" par nature. Tous les actifs peuvent être potentiellement "refuges" ou "risqués" selon le contexte économique et les conditions de marché. Il n'existe en réalité que des actifs adéquates ou inadéquates selon votre situation. 

C'est pourquoi un actif considéré comme "refuge" à un moment, pourra être surévalué avec un risque de bulle alors qu'un actif considéré comme "risqué" au même moment, pourra au contraire être sous-évalué à tord. Ce qui aura pour conséquence de transférer à terme le risque sur l'actif considéré comme "refuge". Le vrai risque est donc d'acquérir un actif pendant une bulle. Soyez prudent et contrariant !


A titre d'exemple, un placement d'épargne est très risqué si son taux nominal est trop inférieur au taux d'inflation (taux d'intérêt réel négatif). Certes votre capital est sécurisé en valeur nominale mais pas en valeur réelle. Vous perdez donc votre pouvoir d'achat. Dans ce cas, ce placement est risqué. On ne peut donc pas parler de valeur "refuge".

- Voir notre article : Eviter les bulles spéculatives

2- "L'or protège de l'inflation" : FAUX, l'or protège des crises !

L'or est un actif anti-crise et non anti-inflation. Il se comporte bien tant en période de forte inflation qu'en période de déflation. Ce qui fait de lui l'actif à privilégier contre la peur. Mais son cours n'est pas directement lié à l'inflation. 

3- "L'immobilier ne peut pas baisser" : FAUX, l'immobilier comme tous les actifs peut baisser !

L'immobilier est un actif qui dépend comme tous les autres des lois du marché. Il peut donc monter ou baisser en fonction de l'offre et de la demande, de la spéculation, du niveau de solvabilité des agents économiques et des variations des taux du crédit. Ses cycles sont plus longs (6 à 10 ans) que pour d'autres actifs. C'est pourquoi les agents économiques ont tendance à considérer comme acquis la tendance à un moment donné. Mais les bulles existent également dans le secteur immobilier.

- Voir notre article : Savoir analyser les cycles de l'immobilier

4- "Payer un loyer, c'est jeter de l'argent par la fenêtre" : FAUX, pas dans un marché baissier !

Lorsque que le marché est haussier, il est vrai que l'acquisiton d'un bien, dont la valeur monte d'année en année, est plus intéressante financièrement que la location. De plus, si cette acquisition se fait à crédit, l'effet de levier positif augmente la rentabilité de l'opération. 

Mais lorsque que le marché baisse, l'accédant est dans une position complètement différente. Le bien qu'il achète voit sa valeur baisser d'année en année et le montant de la perte potentielle ou effective peut rapidement dépasser le montant d'un loyer pour un bien équivalent. Si le bien est acquis à crédit, alors l'effet de levier peut devenir négatif et accentuer la perte. Dans ce cas, le locataire est dans une position beaucoup plus confortable car il n'est pas concerné par la baisse des prix et voit en plus son pouvoir d'achat immobilier augmenter. 

- Voir notre article : Acheter ou louer ?

5- "S'endetter est intéressant si le taux d'intérêt est faible"
    "S'endetter est intéressant si le projet est très rentable" : FAUX, pas si la rentabilité économique est inférieure au taux d'intérêt ou si elle est négative !

Un endettement est intéressant uniquement si l'effet de levier est positif. Il faut donc que la rentabilité économique soit supérieure au coût de la dette.

S'endetter à un taux d'intérêt élevé peut être tout à fait intéressant si le taux de rentabilité économique est encore plus élevé. A contrario, s'endetter à un taux d'intérêt faible n'est pas intéressant voir même risqué si le taux de rentabilité économique est encore plus faible ou négatif (effet de levier négatif). De même, s'endetter pour un projet très rentable n'est pas forcément intéressant si le taux d'intérêt est encore plus élevé. Par conséquent, s'endetter pour un projet peu rentable est intéressant si le taux d'intérêt est plus faible.

- Voir notre article : Maîtriser l'effet de levier

6- "Le taux d'intérêt nominal est le taux le plus important à regarder pour un placement ou un emprunt" : FAUX, si le taux d'inflation est important !

Le taux d'intérêt nominal ne tient pas compte de l'inflation (taux d'inflation positif) ou de la déflation (taux d'inflation négatif). Pour cela, il faut calculer le taux d'intérêt réel.

Ainsi un taux d'intérêt nominal faible peut être très intéressant pour un placement si le taux d'inflation est nul et encore plus si il est négatif. A contrario, un taux d'intérêt nominal élevé n'est pas forcément intéressant si le taux d'inflation est supérieur. Pour un emprunt le raisonnement inverse s'impose. Une dette avec un taux d'intérêt nominal faible et un taux d'inflation inférieur ou négatif sera plus coûteux qu'un taux d'intérêt nominal élevé mais avec un taux d'inflation supérieur.

- Voir notre article : Patrimoine et pouvoir d'achat

7- "Le taux d'intérêt réel est donc le taux le plus important pour calculer son pouvoir d'achat" : Uniquement pour son pouvoir d'achat de consommation (biens et services) !

L'inflation ne prend en compte que le prix des biens et services de consommation.

Le calcul du taux d'intérêt réel permet donc uniquement d'évaluer votre pouvoir d'achat de consommation et non votre pouvoir d'achat sur les actifs comme le pouvoir d'achat immobilier par exemple.

8- "L'inflation et la croissance vont de pair" : FAUX, l'inflation n'engendre pas toujours de la croissance et inversement !

L'inflation peut coexister avec une croissance nulle, on appelle ce phénomène la stagflation. De même, la déflation (inflation négative) n'empêche pas toujours la croissance.

Autrement dit, toutes les combinaisons sont possibles, inflation sans croissance ou avec croissance, déflation avec dépression ou avec croissance...

- Voir : Croissance et inflation

9- "La création monétaire engendre toujours de l'inflation" : FAUX, pas si cette création monétaire ne circule pas dans l'économie réelle !

Pour que la création monétaire engendre de l'inflation, il faut non seulement que la base monétaire augmente mais également la masse monétaire. Autrement dit, il faut que la création de monnaie par la banque centrale profite aux agents économiques autres que la banque centrale et les banques. Dans le cas contraire, il peut y avoir création monétaire sans inflation.

10- "Les actifs non monétaires protègent de l'inflation" : FAUX, l'inflation et l'évolution du prix des actifs ne sont pas directement liés !

Il ne faut pas confondre l'inflation qui est l'évolution des prix des biens et services et l'évolution des prix des actifs. En effet, l'inflation ne prend pas en compte la plupart des actifs comme par exemple l'immobilier.

Ainsi, seuls les actifs, dont la rentabilité économique (variation du cours et rendement) sera plus élevée que le niveau d'inflation, vous protégeront contre l'inflation.

On distingue l'inflation "de consommation" (indice des prix à la consommation IPC) de l'inflation "des actifs" (bulle des actifs).

- Voir : L'immobilier est-il une bonne protection contre l'inflation (Natixis) ?

11- "Un crédit à taux variable est un emprunt dont le taux varie en fonction des taux à court terme à savoir les indices monétaires (Eonia, Euribor...)" : FAUX, un crédit à taux variable est un emprunt dont le taux varie en fonction d'un indice de référence déterminé dans le contrat de prêt !

Un crédit à taux variable signifie uniquement que le taux varie en fonction d'un indice de référence. Même si la majorité de ces emprunts ont comme indice de référence les taux à court terme tels que les taux monétaires, ce n'est pas toujours le cas. En effet, l'indice de référence peut être un taux de change, le taux d'inflation, un spread et même une combinaison de plusieurs indices. Il faut donc bien regarder l'indice de référence stipulé dans le contrat.

12- "Un crédit à taux fixe est un emprunt dont le taux reste le même pendant toute la durée du prêt et est indexé à partir des taux à long terme tel que l'OAT tec 10 au moment de la contraction du prêt" : FAUX, un crédit à taux fixe est un emprunt dont le taux reste le même pendant toute la durée du prêt et sa fixation dépend d'un indice de référence au moment de la contraction du prêt !

Un crédit à taux fixe signifie uniquement que le taux sera le même pendant toute la durée du prêt. Il est fixé en fonction d'un indice de référence au moment de la contraction du prêt. Même si la majorité des emprunts à taux fixe et en particulier les crédit immobiliers à taux fixe sont indexés sur l'OAT tec10, ce n'est pas toujours le cas. L'indice de référence peut être un taux de change, un taux d'inflation, un spread et même une combinaison de plusieurs indices. Il faut donc bien regarder l'indice de référence stipulé dans le contrat.

Conseil :

Il existe comme partout de nombreuses idées reçues en matière de gestion de patrimoine. Méfiez-vous de toutes ces croyances populaires qui vous feront perdre de l'argent. Malheureusement nous ne pouvons pas toutes les énumérer mais nous pouvons vous donner ce dernier conseil : apprenez à désapprendre et réapprenez correctement !