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Quel scénario possible pour votre allocation d'actifs ? (2011)


Actuellement, l'inflation en Europe est de 3% en glissement annuel et avoisine les 2% en moyenne annuelle. La croissance est molle dans la plupart des pays européens et ne cesse de décroître. La BCE essaie donc depuis le début de la crise de relancer la croissance et l'inflation. Elle a abaissé son taux directeur, afin de favoriser le crédit et l'investissement des entreprises, elle utilise également des moyens non conventionnels comme la création monétaire et le rachat de dettes publiques sur le marché secondaire, afin de lutter contre l'explosion des dettes souveraines et le risque de déflation.

Nous pensons que la politique monétaire de la BCE et celles des autres banques centrales du monde peuvent donner des scénarii à moyen et long terme complètement différents. En effet, si une création monétaire trop importante peut augmenter la pression inflationniste, le passé a montré que ce n'était pas toujours le cas (scénario japonais). Alors inflation ou déflation ?

De plus, des taux directeurs proches de zéro, permettant d'ouvrir les vannes du crédit aux entreprises, ne sont pas toujours suffisants pour relancer l'investissement et
la croissance. En résumé, la politique monétaire ne peut pas à elle seule relancer la machine économique. Alors retour de la croissance, croissance nulle ou dépression ?

C'est pourquoi, nous pensons que les effets sur le long terme de ces politiques sont en grande partie imprévisibles.

Alors comment élaborer une stratégie d'allocation d'actifs avec aussi peu de visibilité ? La prudence nous dit qu'il faut rester à très court terme le plus liquide possible. Ceci vous permettra d'aller rapidement vers l'allocation d'actifs la plus adéquate lorsque qu'un scénario se dessinera de manière plus précise.

Nous vous proposons de vous donner les différentes allocations d'actifs possibles en fonction des scénarii envisageables.

A titre personnel, nous pensons que le scénario déflationniste (dépression et inflation négative) est le plus probable, que le scénario stagflationniste (croissance nulle et inflation) est envisageable et que le scénario inflationniste (croissance et inflation) est peu probable.

1- A très court terme : restez liquide et désendettez-vous !

Vous ne connaissez pas encore le scénario. Privilégiez les placements de trésorerie (OPCVM monétaires, livrets bancaires, comptes à terme...). Evitez d'être trop endetté

2- Scénario déflationniste : dépression et inflation négative

Les politiques monétaires n'arrivent à relancer ni la croissance par une politique de taux bas ni l'inflation par une création monétaire. L'inflation devient négative et la dépression arrive.

Les deux risques principaux sont la baisse des actifs (variation à la baisse des valeurs de marché) et le risque de faillite (risque émetteur).

Si vous êtes resté le plus liquide possible comme nous vous l'avons conseillé précédemment, alors vous ne risquez pas grand chose dans un premier temps. En effet, la meilleure allocation d'actifs au début d'une période de déflation est le cash et dans une moindre mesure les titres de créance à taux fixe et à forte seniorité (taux d'intérêt réel positif pour le prêteur et risque limité en cas de liquidation, restructuration de dette...). Avec la baisse de tous les autres actifs, votre pouvoir d'achat augmente. Etant donné que le risque de faillite des sociétés est plus important lors d'une dépression, il est également crucial que vous investissiez dans des titres de créance à forte séniorité et/ou avec sûretés (Dépôts, titres monétaires, covered bonds, obligations senior) puis progressivement vers les actifs physiques et financiers (titres) ayant déjà fortement baissé. Ainsi, vous profiterez pleinement de votre pouvoir d'achat à mesure que l'ensemble des actifs baisse et vous limiterez le risque de faillite par votre seniorité et vos sûretés. De plus, restez désendetté. En effet, l'endettement s'alourdit en cas de déflation (taux d'intérêt réels positifs pour l'emprunteur).

* Rappel : les titres financiers (actions, obligations, OPCVM...) restent votre propriété vis à vis de la banque. Ils ne rentrent pas dans le bilan de la banque (sauf en cas de fraude de sa part). Cette dernière en est simplement dépositaire (intermédiaire).
- Voir notre article : Qui détient réellement votre argent ?

Allocation d'actifs :

Début de période : cash (espèces) et titres de créance à forte seniorité et/ou avec sûretés (TCN, OPCVM monétaires réguliers, OAT, obligations corporates sécurisées type covered bonds, obligations seniors).
En cours de période : investir vers les actifs qui ont le plus baissé.
A éviter : titres de capital (actions, parts sociales...), obligations corporates à faible seniorité (junior dont convertibles, subordonnées de type TSR...), matières premières, immobilier.

3- Scénario stagflationniste : inflation "monétaire" et croissance nulle

Les politiques monétaires n'ont pas réussi à relancer la croissance mais l'inflation s'emballe à cause d'une création monétaire trop importante. Nous avons donc de l'inflation monétaire sans croissance. Vous êtes jusqu'à présent resté liquide mais l'inflation risque d'éroder fortement votre pouvoir d'achat. Vous devez donc investir dans les actifs qui sont corrélés à cette inflation monétaire. Etant donné que la croissance est nulle, il ne faut pas envisager l'investissement en actions. En effet, les entreprises n'ayant pas un fort pricing power ne peuvent pas répercuter leurs coûts intégralement. De plus, elles sont obligés de licencier, ce qui a pour conséquence d'augmenter le chômage. La solvabilité des ménages étant faible, l'investissement dans l'immobilier est à éviter également.

Dans ces conditions, seules les matières premières et éventuellement les actions de sociétés de production de matières premières à fort pricing power sont à privilégier. Elles sont à la fois la cause de l'inflation et les valeurs refuges protégeant de l'inflation. Il y a un effet auto-réalisateur qui se crée.

Allocation d'actifs :

A privilégier
: matières premières, obligations indexées sur l'inflation (dans une moindre mesure), actions de sociétés à fort pricing power.
A éviter : titres de capital (actions, parts sociales...), titres de créance (monétaire de type TCN, OPCVM monétaires réguliers, obligations à taux fixe), immobilier, cash (espèces).

4- Scénario inflationniste : inflation et croissance 

Les politiques monétaires arrivent à relancer la croissance et l'inflation. Dans ce cas, l'inflation est une bonne inflation car elle n'est pas que monétaire mais économique. Les entreprises créent de la croissance et de l'emploi. Les salaires augmentent ainsi que la consommation. Les actifs à privilégier sont nombreux. Les actions profitent de la croissance des entreprises, l'immobilier profite de la hausse des salaires, la demande en matières premières augmente également. Mieux vaut par contre éviter les obligations et les placements monétaires souffrant de l'inflation.

Allocation d'actifs :

A privilégier
: matières premières, immobilier, actions.
A éviter : titres de créance (TCN, OPCVM monétaires réguliers, obligations à taux fixe), cash (espèces).

Allocation d'actifs selon le scénario économique

Scénarii/Actifs A privilégier A éviter
Déflation/Dépression (inflation négative et pas de croissance) Début de période : Placements monétaires, Cash, Liquidités, Obligations d'Etat à taux fixe, Obligations corporates à forte seniorité et/ou sûretés (covered bonds, obligations seniors)
En cours de période : Achat des actifs ayant le plus baissé
Immobilier, Actions, Obligations corporates à faible seniorité (TSR, convertibles...), Matières premières
Stagflation (inflation sans croissance) Matières premières, Obligations indexées sur l'inflation (moindre mesure), actions de sociétés à fort pricing power
Placements monétaires, Cash, Liquidités, Obligations à taux fixe, Actions, Immobilier
Inflation/Croissance (inflation associée à de la croissance) Matières premières, Immobilier, Actions Placements monétaires,Cash, Liquidités, Obligations à taux fixe