Savoir vivre avec son temps tout en gardant ses valeurs, l'équilibre entre dogmatisme et pragmatisme
1- Les deux philosophies :
Lorsque les événements vont à l'encontre de votre point de vue, deux types de réactions existent :
a- Le dogmatisme :
Vous considérez que votre point de vue est incontestable et intangible et n'hésiterez pas à user de la force pour l'imposer. Vos idées passent avant tout le reste. Vous êtes doté d'une certaine capacité de résistance et de combativité.
Risque : vous pouvez vous retrouver déconnecté du monde réel si vous n'arrivez pas à changer les choses à votre manière. A force de défendre vos valeurs, vous tomberez dans un immobilisme et un conservatisme destructeurs.
b- Le pragmatisme :
Vous considérez que votre point de vue n'est pas le seul et que s'il n'est pas adopté, résister n'est pas la meilleure des solutions. Mieux vaut accepter et réfléchir à la meilleure manière de tourner les événements à votre avantage. Vous êtes doté d'une certaine capacité d'adaptation et vous êtes flexible.
Risque : en vous adaptant trop au monde qui vous entoure, vous pouvez perdre vos valeurs et manquer de recul et de dicernement.
2- Trouvez l'équilibre :
Le monde est cyclique et évolue sans cesse. Quelle est la meilleure réaction face à ça ?
Nous pensons qu'il faut éviter tout conservatisme et immobilisme sous pretexte que vos idées ne vont pas dans le même sens que le reste du monde. Etre une personne figée dans un monde en mouvement est contre nature. Mais faire preuve d'une trop grande capacité d'adaptation est également nuisible par son effet moutonnier. Il ne faudrait pas que l'importance d'évoluer avec son temps vous exonère pour autant d'un esprit critique. En effet, évolution ne signifie pas forcément progrès. Si vous évoluez dans un monde qui selon vous régresse, adaptez vous à ce monde mais ayez conscience que cette évolution ne correspond pas à vos valeurs.
Tout l'exercice est là, un juste équilibre entre dogmatisme et pragmatisme vous permettra d'évoluer avec le monde tout en gardant du recul. Vous devez faire preuve de flexibilité.
La fable de Jean de La Fontaine " Le Chêne et le Roseau" illustre bien l'importance d'être flexible
* Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
Le Chêne et le Roseau
Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.